D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Un entretien croisé dans Actu.fr entre deux économistes, Léo Charles des Economistes Atterrés et Philippe Crevel directeur du Cercle de l’épargne.

L’impôt, la France et les aides sociales. La campagne pour remplir sa déclaration sur les revenus a été lancée en grande pompe par Bercy le jeudi 11 avril 2024. Et déjà, la douce musique et les sempiternels râles autour de ce prélèvement annuel reprennent. Faut-il l’augmenter, le baisser, l’ajuster, voire le supprimer ?

La France serait l’un des pays les plus taxés du monde, deuxième derrière le Danemark selon les chiffre publiés par l’OCDE. Le système fiscal français, censé garantir une redistribution des richesses, devrait en théorie préserver l’équité entre les contribuables. Qu’en est-il vraiment ? Au moment où le sentiment d’injustice fiscale règne, notre système, serait-il à bout de souffle ? Quels préconisations pour l’améliorer ? Qui en profite le plus ?

Anatomie d’une jungle fiscale avec deux économistes aux idées opposées. Léo Charles, maître de conférences en Économie à Rennes 2 et membre des Économistes Atterés, un collectif créé en 2010 pour « proposer des alternatives aux politiques d’austérité ». Et Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’épargne et de Lorello.

actu.fr : Question simple, à qui profite le plus le système fiscal actuel ?

Philippe Crevel : Aux plus modestes, très clairement. Il faut comprendre et aborder le système fiscal dans sa globalité : c’est-à-dire, avec la question des impôts et celle de l’ensemble des cotisations sociales. La France a l’un des systèmes de prélèvement les plus élevés de l’OCDE, supérieur à environ 45 % du PIB (Produit intérieur brut).

Rendez-vous compte, les dépenses pour la protection sociale (les dépenses liées à l’invalidité, le chômage, la maternité, ect. NDLR) représentent à elles seules, un quart du PIB. C’est beaucoup. 

En France, il existe une forte tradition des dépenses publiques. Avant les impôts, la distribution des aides et autres, les inégalités économiques sont fortes dans ce pays. Après redistribution, la France devient l’un des pays les plus égalitaires d’Europe. 

Léo Charles : Dans le pays, on cherche à limiter les inégalités avec la redistribution et les services publics et non avec les revenus. C’est pour cela que le revenu moyen des 10% des individus les plus aisés est 13 fois supérieur à celui des 10% les plus modestes. 

Mais au final, grâce à la redistribution et aux services publics, ce rapport n’est plus que de trois. Cette réussite ne doit pas occulter les très grandes différences en matière de détention de patrimoine. Dans notre système fiscal, ce dernier est très mal taxé et participe à l’accroissement des inégalités dans notre pays de façon massive.

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