Notre Nouveau Manifeste est édité par Les Liens qui libèrent, sortie le 21 janvier 2015.
Quelques extraits de l'introduction:
"Déclenchée par la faillite retentissante des pratiques financières spéculatives, la crise qui s’est ouverte en 2007 a révélé au monde les turpitudes de la finance dérégulée et les impasses du néolibéralisme. Au plus fort de la tempête, les États sont intervenus. Mais ils en sont restés aux premiers secours, le sauvetage des banques et les plans de relance. Ils ne se sont pas attaqués aux racines de la crise : la finance libéralisée, la mondialisation débridée, la fuite en avant productiviste et le creusement des inégalités. Par un de ces tours de force idéologiques dont ils ont le secret, les chantres du néolibéralisme ont imputé la crise globale aux dépenses publiques excessives, à un État social trop généreux et à des entraves à la concurrence sur des marchés jamais assez libéralisés. Passées sous silence, les innombrables largesses accordées aux riches, les niches, la fraude et l’évasion fiscales qui ont rongé les recettes publiques et creusé les déficits publics. Omis, le soutien des banques à la spéculation financière. Oubliée, la prise en charge de dettes privées colossales par les États appelés à la rescousse d’un système bancaire défaillant parce que spéculateur. Gommés, les effets délétères des traités européens. Niée, la difficulté à expliquer la montée du chômage par le coût du travail alors que les salaires sont comprimés depuis longtemps. Il fallait aller plus loin dans l’application d’un modèle qui venait pourtant de plonger le monde dans la pire crise du capitalisme depuis les années 1930.
Notre premier manifeste avait donné l’alerte en 2010 : la poursuite et l’approfondissement des politiques néolibérales conduiraient à des régressions sans fin. Nous y sommes. Une crise majeure s’est installée et n’en finit pas de produire ses effets.
Pourquoi un second manifeste quatre ans après le premier ? Quelles urgences, quelles nécessités nous ont poussés à remettre l’ouvrage sur le métier ? La première est l’extrême gravité de la crise. Globale, elle est à la fois économique, sociale et écologique. La seconde est qu’il est temps d’emprunter d’autres chemins : d’autres politiques sont possibles et souhaitables.
Les leçons de la crise n’ont pas été tirées
Les « dix fausses évidences » que nous dénoncions en 2010 nourrissent plus que jamais l’idéologie dominante et les politiques aujourd’hui conduites.
Les décideurs n’ont rien appris, ou voulu apprendre, de la crise. Les économistes bien en cour se montrent d’autant plus arrogants que leurs préceptes ont été invalidés. Les lobbies financiers demeurent d’autant plus avides qu’ils n’ont pas eu à payer le prix de leurs errements. Les commentateurs continuent à égrener les cours de la Bourse et les avis des agences de notation, comme si l’évolution des économies se lisait dans les jeux de la finance spéculative. Les grandes entreprises continuent à être gérées, fusionnées, dépecées selon les prévisions de gains à court terme des actionnaires. Le développement soutenable, l’emploi, le tissu économique local, les investissements productifs ne sont pas pris en compte. Les métiers les mieux rémunérés demeurent ceux de l’industrie financière, le conseil en délocalisation, en montages financiers, en optimisation fiscale. Honte aux « gagne-petit », employés, ouvriers, agriculteurs, infirmières…
En Europe, les politiques à l’origine de la crise ont été renforcées. Des votes populaires s’y sont opposés ? Les choix politiques ont été confiés à des experts « indépendants » – indépendants des peuples s’entend, non des pouvoirs d’argent. Le pacte de stabilité a englué l’Europe dans l’austérité et la récession ? Un pacte budgétaire encore plus dur est mis en œuvre. L’ouverture excessive des marchés a mis en danger l’industrie de nombreux pays européens ? Un traité de libre-échange est négocié avec les États-Unis. Les failles de l’euro ont été un facteur de divergence économique au détriment des pays d’Europe du Sud ? Elles sont devenues le prétexte d’une « stratégie du choc » exigeant de ces pays qu’ils appliquent des politiques d’austérité particulièrement brutales. Et c’est ainsi que les pays européens, dans un contexte de concurrence mondiale effrénée, se livrent une guerre économique acharnée, chacun s’employant à prendre des parts de marché et des emplois aux autres, avec finalement le pire des scénarios, celui de la déflation pour tous. Les quelques avancées obtenues – la mise en place d’un salaire minimum en Allemagne, de timides mesures contre les paradis fiscaux, une taxe sur les transactions financières vite vidée de son contenu – ne suffiront pas à sortir les pays européens de l’ornière.
Les leçons de la crise écologique ne sont pas davantage tirées. Les périls du changement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles restent minimisés alors qu’ils devraient être au cœur de toute réflexion sur l’avenir de nos économies et de nos sociétés, au centre de toute politique.
Les dix fausses évidences se sont transformées en impasses gravissimes de politique économique."
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