Un entretien avec Christophe Ramaux sur le site Elucid, à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Pour une économie républicaine ».
Quelle est la cohérence du néolibéralisme ? En quoi remet-il en cause l’Etat social ? En quoi celui-ci demeure-t-il d’actualité ? Comment concevoir un Etat social et écologique ?
Laurent Ottavi (Élucid) : Comment définissez-vous le néolibéralisme ?
Christophe Ramaux : Le libéralisme à l’ancienne, avec le laisser-faire, pense la concurrence comme une loi naturelle à respecter. Le néolibéralisme est plus constructiviste, il n’hésite pas à mobiliser l’intervention publique afin d’imposer l’ordre du capital. Il promeut, par exemple, les aides à l’emploi, soit la prise en charge par l’État d’une partie des cotisations sociales, afin de faire baisser le « coût du travail », seul moyen selon tous les libéraux d’accroître les emplois. Autre exemple : les traités européens qui indiquent qu’en tout domaine les keynésiens ont tort et les libéraux raison, d’où les règles retenues comme la libéralisation des mouvements de capitaux, le libre-échange…
Élucid : Pouvez-vous maintenant expliquer ce qu’est l’État social et comment le néolibéralisme lui nuit-il ?
Christophe Ramaux : L’État social ou État-providence est le nom de la révolution économique et sociale intervenue à la fin du XIXe siècle, et même avant. Nous en saisissons mal l’importance. Nous avons tendance à le réduire à la seule protection sociale, éventuellement élargie au droit du travail à travers ce que les juristes appellent le droit social. J’invite à le saisir plus largement, autour de quatre piliers : la protection sociale, le droit du travail, les services publics et les politiques macroéconomiques (des revenus, budgétaires, monétaires, industrielles, commerciales…) de soutien à l’activité et à l’emploi. Quand on met bout à bout ces quatre piliers, on s’aperçoit que l’État social a une portée considérable. Nous vivons dans des économies mixtes, avec du privé, mais aussi avec de l’intervention publique.
Le néolibéralisme a tenté depuis les années 1980 de détruire ces quatre piliers de l’État social : privatiser la sécurité sociale et les services publics, démanteler le droit du travail et réorienter les politiques économiques dans un sens libéral. Je soutiens toutefois qu’il n’a qu’en partie réalisé son projet.
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