Introduction[1].
Le Projet de loi de finances (PLF) 2014 est la traduction d’un double choix qui témoigne de l’orientation politique du gouvernement. Dès les élections législatives passées, François Hollande renonçait à renégocier le Traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Il s’engageait à faire revenir le solde public à l’équilibre en 2017, donc à mettre en place pendant cinq ans des politiques d’austérité. Fin août 2012, pour la première fois depuis sa création, l’Université d’été du Medef s’ouvrait par un discours du Premier ministre en exercice, Jean-Marc Ayrault. Dix membres du gouvernement faisaient le déplacement. A l’automne, le gouvernement promettait la création d’un crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en faveur des entreprises. Le 4 juillet 2013, au lendemain de son élection à la tête du Medef, Pierre Gattaz était reçu par François Hollande à l’Elysée. C’est là encore une pratique inédite[2]. Le président du Medef fut reçu le même jour à Bercy par le ministre des Finances, Pierre Moscovici, et par le ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, ainsi qu’à Matignon par le chef du gouvernement. Dans son allocution du 15 septembre 2013, François Hollande se présentait comme le « président des entreprises ».
Le projet de loi de finances 2014 transcrit ce double choix. Choyer la finance et le grand patronat tout en acceptant l’objectif d’équilibre budgétaire a toutefois de lourdes contreparties : la taxation des ménages et la réduction des dépenses publiques et sociales. Si, en 2012, les hausses d’impôts ont surtout frappé les plus riches et les grandes entreprises, elles touchent maintenant l’ensemble des ménages, ce qui va peser contre l’activité. Avec le PLF 2014, il apparaît clairement que le gouvernement n’a pas de plan crédible pour sortir le pays de la crise. Pire, il durcit un peu plus sa politique dans un sens néolibéral. Le budget 2014 marque en effet un autre tournant. Dorénavant, ce seront par de fortes baisses de dépenses que le gouvernement va essayer de réduire le déficit public. Cela va renforcer les tendances récessives.
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