Une chronique de Jacques Rigaudiat dans son blog « Stasis » sur Alternatives économiques.
J’ai déjà eu à plusieurs reprises l’occasion ici même d’insister sur le fait que la question du (sur)coût économique de la transition énergétique ne se limitait pas, tant s’en faut, au seul sujet du coût de production de l’électricité. J’y reviens ici à l’occasion d’un tout récent rapport de la Bundesrechnungshof -la Cour des comptes allemande- qui fait le point sur l’Energiewende[1], et de l’annonce par RTE du lancement d’un débat public sur son prochain schéma de développement du réseau pour la période 2025-2040[2].
Le système électrique : aujourd’hui, trois tiers, demain, quatre !
Le débat franco-français sur le mix électrique tourne largement autour d’un mix dit « 100% renouvelables » ; compte tenu de la composition du parc actuel, dans lequel le nucléaire représente entre 60 et 70% de la production, autant dire que cela signifie d’abord et avant tout « 0% de nucléaire ».
Dans ce débat, on s’écharpe le plus souvent autour du seul coût de production. Les nécessités post Fukushima de revoir drastiquement les conditions de sécurité du nucléaire, dont les coûts ont en conséquence fortement augmenté, les difficultés, au surcroît, de la filière française à construire les EPR (Okiluoto, Hinkley point, Flamanville) qu’elle promeut dans des conditions maîtrisées (euphémisme) ; la perspective, enfin, qui était annoncée d’une baisse tendancielle continue des coûts de production des énergies renouvelables intermittentes (EnRi) ; tout cela, cumulé, paraissait devoir -économiquement parlant- définitivement sceller le sort du nucléaire.