Une note de Thibault Laurentjoye et Henri Sterdyniak
Depuis 2017, les gouvernements français ont réduit les recettes publiques de 76 milliards d’euros en baissant les impôts pour les entreprises et les ménages aisés. Ceci a contribué à creuser le déficit public sans relancer efficacement l’économie, et en exacerbant les inégalités sociales. Aujourd’hui, la dette publique est instrumentalisée pour mettre en place des mesures restrictives. Les nouvelles règles budgétaires européennes imposent à la France de réduire son déficit par une baisse des dépenses publiques, comprise entre 120 milliards et 160 milliards d’euros, une approche qui risque de nuire à l’activité économique, reproduisant ainsi les erreurs des politiques d’austérité passées.
Pour guider la politique budgétaire, le fétichisme budgétaire doit être remplacé par la finance fonctionnelle, qui montre que la politique budgétaire doit être guidée par des objectifs macroéconomiques, comme le plein emploi et la stabilité des prix, plutôt que par des normes arbitraires de dette et de déficit. Les déficits publics sont nécessaires s’ils contribuent à financer des investissements indispensables et à stimuler la demande globale. Ils répondent au désir d’épargne des agents privés.
Le concept de soutenabilité de la dette publique doit être repensé. La dette publique doit être considérée comme un levier stratégique pour financer des investissements essentiels, surtout dans une situation où les taux d’intérêt sont inférieurs au taux de croissance économique. Cette réévaluation permettrait de libérer la politique budgétaire des contraintes inutiles et de financer les investissements indispensables pour l’avenir, en particulier pour la transition écologique.
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