D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Analyses de Jacques Rigaudiat sur son blog Alternatives économiques. Les entreprises du secteur des énergies renouvelables dévissent. Que se passe-t-il ?


C’est peu de dire qu’en cette fin d’année 2023, l’accueil fait par les marchés aux entreprises européennes de l’éolien est frais, très frais même !

Déroutes boursières et remises en cause des projets.

En l’espace de moins de trois années et essentiellement pendant les six derniers mois, leurs cours de Bourse ont, en effet, totalement dévissé. Les pertes sont considérables et nul n’en est exempté : de janvier 2021 à novembre 2023 ; elles s’étagent de – 50% (Vestas) à – 80% (Siemens Energy, Oersted) ; entre ces deux extrêmes, les autres entreprises de l’éolien se situent aux alentours de -60% (Nordex, -57% ; Néon, – 58% ; Voltalia -67%) …. Mais à vrai dire, même si l’éolien offshore est le plus touché, cette déconfiture touche toutes les énergies renouvelables sans exception. L’évolution de l’indice Standard&Poor « Global clean energy », qui recense les 100 plus grande capitalisations du secteur, est sans doute ce qui résume le mieux cette déconfiture : à fin novembre – 58% par rapport à son maximum de début janvier 2021…

De cette situation difficile, la presse nationale s’est très largement fait l’écho : « Aux USA, la bulle des énergies renouvelables explose » (Le Monde du 9 octobre 2023), « Transition verte, la douche froide » (Le Figaro du 21 novembre).

Cette situation financière est d’abord à lire au regard des renoncements qui se multiplient, qu’il s’agisse de projets à venir qui avortent, ou de contrats déjà passés pour lesquels l’opérateur se dédit. Après que Vattenfall a renoncé en juillet à développer le site de Norfolk Boréas au large de la Grande-Bretagne dont il venait de remporter l’appel d’offres, c’est Iberdrola qui préfère payer un dédit de plusieurs millions de dollars pour se désengager d’un projet au large du Massachussetts dont il était le titulaire. Du côté de l’éolien terrestre, ce n’est pas mieux : Markbygden, le « plus grand parc éolien au monde », prévu pour une puissance de 9 GW, est en très grande difficulté financière, le contrat n’étant pas rentable …

Quant aux projets futurs, l’exemple du dernier appel d’offres de septembre (2023) de la Grande Bretagne est particulièrement démonstratif, puisqu’il s’est soldé par un échec retentissant : aucun dossier n’a, en effet, été conclu, les potentiels candidats jugeant insuffisants les prix de référence proposés[1] …. Aussi, afin de relancer un appel d’offres en janvier prochain et pouvoir l’espérer fructueux, le gouvernement britannique a annoncé [le 23/11] une hausse de ses prix plafond de … 66% pour l’éolien posé ; cette révision drastique concernant d’ailleurs toutes les filières renouvelables sans exception : +52% pour l’éolien flottant, + 30% pour le solaire PV !

Toutes les entreprises de l’éolien sont donc lourdement touchées ; on a même pu voir Siemens Energy, plombé de surcroît par des problèmes génériques multiples sur ses turbines (vibration des pales et roulements de rotor défectueux à l’origine d’incendies), être en situation de devoir demander 15 Md€ d’aide au gouvernement allemand pour pouvoir surmonter cette passe particulièrement difficile ; ce que ce dernier promptement accordé sans chercher à tergiverser : 7,5 Md€ d’aides publiques et autant de garanties sur des prêts bancaires !

Lire la suite sur Stasis, le blog Alternatives économiques de J Rigaudiat.