Après la crise financière, après la crise économique, la zone euro connaît maintenant depuis plus de neuf mois une crise spécifique : les marchés financiers spéculent contre les dettes de certains pays de la zone. Ils imaginent un scénario-catastrophe d’éclatement de la zone et réclament de fortes primes de risque pour détenir les dettes publiques des pays qu’ils déclarent au bord de la faillite. Les marchés jouent ainsi des failles de l’organisation de la zone euro où les Etats ne sont plus assurés de pouvoir toujours se financer. L’Europe a été incapable de réagir : la Banque Centrale Européenne (BCE) et les Etats membres n’ont pas mis en œuvre avec l’énergie nécessaire les politiques requises pour éviter le creusement des écarts des conditions de financement entre les pays ; les Etats membres n’ont fait preuve que d’une solidarité timide et conditionnelle qui a conforté les marchés dans leur sentiment de fragilité de la zone ; la Commission et les Etats membres ont obligé les pays menacés à mettre en œuvre des politiques insoutenables de réduction rapide de leurs déficits publics.
La crise peut avoir trois issues. Soit la poursuite de la politique actuelle entraîne une croissance durablement faible en Europe, particulièrement dans les pays du Sud ; les marchés ne sont pas rassurés ; le scénario d’éclatement n’est pas écarté. Soit les pays du Sud quittent la zone euro, ce qui provoquerait un nouveau choc financier en Europe et sonnerait le glas des ambitions de la construction européenne. En fait, la seule stratégie durable est celle du changement du fonctionnement de la zone par l’affichage d’une solidarité financière sans faille, la lutte contre la spéculation financière par la mise en place de nouveaux circuits de financement, et la mise en place d’une stratégie macroéconomique coordonnée.
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