Débat dans le 28 minutes d’Arte du 20 avril de Christophe Ramaux avec Marc Ferracci et Stéphanie Villers.
Loin de l’apaisement et de l’unité, le gouvernement alimente l’insécurité sociale. Acte I du nouveau quinquennat : la réduction des allocations chômage. Acte II : la réforme régressive des retraites. Acte III prévu : la guerre aux pauvres ?
La rengaine réactionnaire est connue : plutôt que les privilèges au sommet, on invite la population à regarder et dénigrer ceux d’en bas : les pauvres supposés fainéants et pilleurs d’allocations.
En 1988, le RMI avait été adopté, fait rare, à l’unanimité de l’Assemblée nationale. Son objectif : donner un droit inconditionnel à un revenu minimum pour ceux qui n’ont rien et un droit à l’accompagnement. Le montant du RSA est très faible : 534 euros (sans le forfait logement) pour une personne seule. Il ne coûte que 12 milliards en allocation (0,5% du PIB) alors qu’il fait vivre près de 4 millions de personnes (près de 2 millions d’allocataires plus leur conjoint et enfants).
C’en est trop ? Le rapport publié le 19 avril pour créer France Travail regrette « une faible exigence vis-à-vis des personnes en termes de mobilisation et un régime de sanctions peu applicable » (p. 22). Dorénavant tous les bénéficiaires du RSA devront signer un « contrat d’engagement » (proposition n°65), avec pour les plus « éloignés de l’emploi » un « parcours intensif » de 15h à 20h par semaine (propos. n°13), le tout agrémenté d’une nouvelle sanction dite « suspension remobilisation » (propos. n°67).
France Travail remplacera Pôle emploi et les missions locales. Les mots importent : on remplace « emploi » (un travail exercé dans le cadre d’un statut avec des droits) par travail. En guise de « valeur travail », ne faut-il pas d’abord se fixer comme objectif de revaloriser la valeur du travail et des travailleurs ?