D’autres politiques économiques sont possibles

Adhérer

Vive la dépense publique !

La crise qui n’en finit pas est clairement celle du néolibéralisme. Finance libéralisée, libre-échange, austérité salariale et endettement privé des ménages : ce régime a explosé en 2007. Les néolibéraux sont pourtant à l’offensive. Ils prennent prétexte des conséquences de leur odèle – la hausse des dettes publiques et les différentiels de compétitivité (fruit de la concurrence sociale et fiscale mortifère entre pays de l’Union européenne elle-même) – pour aller plus loin dans l’application de leur politique.
La dépense publique est désignée comme une galeuse. Ce n’est pas nouveau : c’est sous un angle accusateur qu’elle est traditionnellement désignée et même nommée (« charges sociales », « prélèvements obligatoires »). L’idée communément répandue est la suivante : le public supposé improductif serait financé par un prélèvement sur le privé, ce qui étranglerait celui-ci, alors même qu’il créerait, seul, la richesse.
La dépense publique joue pourtant un rôle irremplaçable en termes de bien être social (population mieux formée, soignée, etc.), mais aussi, ce qui est moins connu, en termes de production et de revenu des ménages.
En France, elle s’élève à 1119 milliards d’euros (en 2011), soit 56 % du PIB. Mais cela ne signifie pas que « plus de la moitié de la richesse va aux fonctionnaires ».
La moitié (576 milliards) est constituée de prestations sociales en espèces (retraites, allocations chômage et familiales, etc.) et en nature (remboursement des médicaments, des consultations, etc.) qui sont directement versées aux ménages.
Et cela soutient leur dépense auprès du privé.
RIEN NE SE PERD
L’autre moitié sert principalement à payer les services publics non marchands. Tous les fonctionnaires contribuent au PIB au même titre que les travailleurs du privé. Mais leur production n’est pas vendue : elle est délivrée gratuitement (éducation, hôpital…). Or il faut bien la payer. L’impôt stricto sensu sert justement à cela, tout comme le prix sert à payer la production privée.
Au total, 42 % du revenu des ménages est constitué de prestations sociales ou de consommation de services publics individualisables (éducation, hôpital, etc.). En comptant les services publics non individualisables (police, justice, infrastructures…), on arrive à 46 %. Rien ne se perd.
Aux Etats-Unis, les prélèvements obligatoires sont plus faibles. Mais les prélèvements destinés au privé (fonds de pension, assurances privées…) sont plus élevés. Est-ce plus juste et plus efficace ? Clairement non : ce pays dépense bien plus pour la santé (18 % du PIB) que la France
(13 %), pour des performances médicales moindres.
Pour sortir (enfin !) de la crise du néolibéralisme, il faut réhabiliter l’Etat social.