D’autres politiques économiques sont possibles

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Ce texte a été rédigé suite à l’attribution du Prix d’économie de la banque de Suède (dit prix Nobel) 2024 à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson (AJR) pour « leurs études sur la façon dont les institutions sont formées et affectent la prospérité » par les spécialistes en économie du développement basées à Londres, Ce texte a été rédigé suite à l’attribution du Prix d’économie de la banque de Suède (dit prix Nobel) 2024 à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson (AJR) pour « leurs études sur la façon dont les institutions sont formées et affectent la prospérité » par les spécialistes en économie du développement basées à Londres, Ingrid Kvangraven (King’s College), Surbhi Kesar (SOAS) et Devika Dutt (King’s College).

(Texte original publié sous le titre « The Colonial Origins of Economics » dans Economic and Political Weekly, accessible en ligne :      https://www.epw.in/journal/2024/42/commentary/colonial-origins-economics.html)

D’après les autrices, si les recherches d’AJR marquent en apparence un « tournant colonial » au sens où elles prennent en compte l’impact de la colonisation – à travers la distinction entre bonnes institutions « inclusives » et mauvaises institutions « extractives » – leur approche renforce en réalité l’eurocentrisme de la discipline. Les travaux d’AJR, bien qu’ils intègrent le colonialisme dans leur analyse, sont critiquables pour trois raisons en particulier :

  1. Ils omettent le processus violent et inégal par lequel les droits de propriété privée – institution inclusive par excellence, d’après les auteurs – ont été établis.
  2. Ils négligent la dimension mondiale du développement capitaliste et le rôle central du colonialisme dans ce processus – en considérant le colonialisme comme un choc externe plutôt qu’une partie intégrante du développement capitaliste – et refusent de voir notamment que les institutions « inclusives » du Nord ont fonctionné grâce à des processus « extractifs » dans le Sud.
  3. Ils dépolitisent le processus de développement en le réduisant à un problème techno-bureaucratique, suggérant que l’adoption de « bonnes » institutions suffirait à promouvoir le développement.

Malgré leur tentative d’intégrer l’histoire et le colonialisme, le cadre théorique d’AJR reste anhistorique et eurocentré. Ce Prix « Nobel » renforce l’insularité de la discipline économique et son imperméabilité à l’histoire coloniale du capitalisme. L’approche d’AJR soutient une compréhension simpliste du développement, qui néglige les dynamiques complexes du capitalisme mondial.

Pour consulter et lire la traduction en français:

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