Après avoir été obligé de renoncer à un régime unique par points, Macron s’accroche à un projet simple : le passage de l’âge de départ à la retraite à 65 ans (par une hausse de 4 mois par an à partir de 2023). Il s’agit de baisser les dépenses publiques en se conformant aux injonctions des instances de l’UE, de réduire le déficit public et de se donner des marges pour diminuer les impôts des entreprises. Comme pour la réforme de l’assurance-chômage, Macron et son gouvernement s’attaquent au modèle social français ; l’objectif consiste à contraindre les actifs à accepter des emplois mal payés, avec de mauvaises conditions de travail.
Le bilan du système actuel est-il si désastreux ? Il assure à peu près la parité de niveau de vie entre les actifs et les retraités ; le taux de pauvreté des retraités est nettement plus faible que celui de l’ensemble de la population, bien qu’il ait augmenté ces trois dernières années ; il permet un âge de départ à 62 ans, plus précoce pour ceux qui ont commencé à travailler jeune ; le taux de remplacement est plus élevé pour les bas que pour les hauts salaires. Toutefois, des problèmes persistent, les retraites des femmes sont plus faibles de 40 % par rapport à celle des hommes ; le ratio entre pensions et salaires se dégrade depuis 2015 ; de nombreux seniors, chassés des entreprises, sont en difficulté avant leur retraite.
Dans les projections du COR, la part des retraites dans le PIB, de l’ordre de 14 %, stagne, malgré la hausse du nombre de retraités. L’évolution des retraites est sous contrôle. Les faibles déficits projetés proviennent de l’hypothèse d’une forte baisse des emplois et des salaires du secteur public par rapport à ceux du secteur privé. Cependant, ces résultats ne sont obtenus que sous l’hypothèse d’une forte baisse du niveau des pensions relativement à celui des salaires (-16 % en 2050, -26 % en 2070), baisse qui serait d’autant plus forte que la croissance économique serait forte.
Le projet du gouvernement dégraderait encore la situation des travailleurs âgés, en particulier des ouvriers, qui ont déjà du mal à se maintenir en emploi. Il augmenterait de 1,2 million la population disponible pour travailler, alors que le taux de chômage tenant compte du temps partiel subi et des chômeurs découragés, est de l’ordre de 14 %. Le gouvernement refuse d’améliorer la prise en compte de la pénibilité du travail. Il refuse aussi de renoncer à la baisse tendancielle du niveau des retraites.
Quelle piste pour améliorer et développer les retraites ? Maintenir le niveau relatif des retraites et des conditions satisfaisantes de départ nécessite de faire passer la part des retraites dans le PIB en 2050 à 16,5%, ce qui pourrait être financé par une hausse du taux de cotisations de 5 points (0,25 point par an pendant 20 ans). En même temps, le système devrait être rendu plus juste ; suppression de la décote pour les bas salaires, concentration des avantages familiaux sur les femmes ; extension de la prise en compte de la pénibilité. Peut-on aller plus loin ? Nous ouvrirons le débat : un système de retraite s’inscrit dans un choix de société alliant une protection sociale de haut niveau, la mise en cause de la répartition des revenus, de la place du travail, de sa durée tout le long de la vie et un modèle de développement capable de répondre aux besoins sociaux tout en sauvegardant les équilibres écologiques.
Rendez-vous : Web-conférence des Economistes atterrés du lundi 12 décembre 2022. Réforme des retraites, le projet Macron, quelles alternatives ?
événement organisé par Les Economistes atterrés
Date : 12-12-2022
Lieu : Web
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