Un comparatif des deux programmes réalisé par Dany Lang pour QG
À qui profitent les programmes économiques des finalistes à la présidentielle? À quelques inflexions près, les grandes lignes avantagent les plus favorisés des Français. Si celui de la candidate du RN est plus ouvertement raciste que ne l’est le programme d’Emmanuel Macron, ce dernier l’est également de manière plus feutrée, lorsqu’il s’en prend par exemple aux deux millions de bénéficiaires du RSA dont un nombre important est issu de l’immigration.
On entend souvent dire ces jours-ci, dans les médias mainstream, que le programme économique de Marine Le Pen, est constitué avant tout de mesures alléchantes pour son électorat populaire, et demeure profondément anti-européen, en dépit de son abandon de la revendication du Frexit et de la sortie de l’euro. Un programme qui serait donc très éloigné de celui de l’actuel Président de la République. Pour y voir plus clair, QG a contacté l’économiste Dany Lang, membre du collectif les Économistes Atterrés, dont l’analyse montre combien les deux finalistes pour le second tour de l’élection présidentielle, au-delà de quelques différences formelles sur certains points, s’inscrivent profondément dans la pensée néolibérale, dominante ces dernières décennies en France et dans le monde. Interview par Jonathan Baudoin
QG : Les médias mainstream présentent les programmes économiques d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen comme fortement opposés dans leur ensemble. Mais est-ce véritablement le cas ?
Dany Lang : Les deux programmes sont des programmes néolibéraux. Le programme d’Emmanuel Macron est un programme néolibéral-européen, alors que le programme de Marine Le Pen est un programme néolibéral nationaliste et xénophobe. Il y a des convergences, mais aussi des divergences, notamment en matière européenne et en matière de défense. Au niveau du chiffrage, il y a chez Marine Le Pen beaucoup de mesures promises qui ne sont pas chiffrées. Chez Emmanuel Macron, il y a un chiffrage qui a été fait, dont vous pouvez retrouver la critique dans la note que j’ai rédigée pour les Économistes Atterrés avec Henri Sterdyniak, « Emmanuel Macron ou le loup sous une peau de mouton ». C’est chiffré avec les pieds ! C’est d’ailleurs assez décevant pour un programme de droite parce que, par le passé, la droite chiffrait toujours proprement ses programmes et reprochait à la gauche d’être incapable de proposer des chiffrages sérieux. Là, on n’a aucun chiffrage sérieux et ce malgré le fait que Macron a derrière lui nombre de théoriciens de la pensée dominante néoclassique et nombre de cabinets de conseil comme McKinsey.